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Faut-il corriger les comportements particuliers de nos enfants autistes?

Posté le 15/04/2016

 

 

Faut-il corriger les comportements particuliers de nos enfants autistes? 

 

 

Par Astrid Perreault, Supermaman

 

Je ne « corrige » pas les comportements particuliers de mes enfants autistes; plutôt je les « écoute »?

 

Même s’il ne s’agit pas d’un moyen de communication intentionnel ; les comportements de mes enfants, aussi indésirables soient-ils, m’en disent long sur ce qu’ils vivent à l’intérieur.

 

Bien avant que je «sache» pour mes enfants, plusieurs manifestations typiques de leur différence étaient présentes :

  • peu ou pas de contact visuel
  • flapping (battement des bras ou des mains comme un papillon)
  • marche sur la pointe de pied ou de talon
  • sons étranges (les animaux ont toujours eu la côte chez mon 2e)
  • mains sur les oreilles ou sur les yeux
  • marcher sur la ligne de coulis dans les grands magasins
  • incapacité de rester assis à table pour manger

Mais aussi :

  • crise de colère simple ou avec déchirures de livres ou lancement d’objets
  • foncer sur les coins de mur en cas de frustration
  • plus tard : taper, grafigner ou mordre maman.

 

Ce ne sont que quelques exemples ; ma liste est plus longue et la vôtre aussi, je parie…

 

On m’a souvent demandé si j’allais les laisser faire toute leur vie? Si ça allait passer? Alors voici ma réponse simple à ces deux questions : OUI! et OUI!

 

Personnellement, je n’ai jamais senti le besoin de proscrire un comportement, encore moins, s’il est inoffensif. De toute façon, lorsque dans les quelques occasions où j’ai voulu et réussi à enrayer un comportement, 100% du temps est ressorti un comportement alternatif. Grâce à nos séances d’ergothérapie, j’ai commencé à ressentir le besoin de comprendre les comportements de mes enfants.

 

J’ai appris que ces comportements avaient une signification propre à chacun de mes enfants : si pour un de mes garçons le flapping est associé à une émotion joyeuse, pour l’autre il est le signe d’une grande colère.

 

À partir de là, ça sert à quoi, me demanderez-vous? Et bien à comprendre un peu plus mes enfants. Ces comportements attirent mon attention sur ce que mes enfants ressentent ou ce que leur système subit dans des situations qui paraissent souvent anodines à première vue. Mieux comprendre comment le système nerveux de mes enfants traite l’information me permet ensuite de faire des adaptations d’environnement, de contextes ou de mieux adapter mes interventions pour leur permettre éventuellement de mieux comprendre eux- mêmes ces sensations et de mieux les vivre. Par exemple :

  • Même si mon 2e ne parlait pas, j’en profitais pour travailler avec lui l’émotion « joie », à partir d’une image de ce qui se passait dans son corps, quand je le voyais battre des bras.
  • Pour les colères de mon plus jeune, j’ai interprété que le flapping m’indiquait qu’il avait besoin d’aide pour se réguler. Je lui montrais alors un pictogramme de colère et je lui offrais du réconfort physique (câlins). Cela le calmait et lui a graduellement permis de réduire l’intensité de ses colères au fil du temps. Avec ces nterventions, nous sommes passés d’intenses crises pour à peu près tout à de petites frustrations mieux ciblées et justifiées.

 

Et puis il y a les comportements plus déstabilisants :

  • Ceux qu’on veut voir partir, mais qui ne partiront pas simplement en disant « INTERDIT »
  • Ceux qui nous demandent une bonne observation et une bonne écoute de notre professionnel pour nous orienter vers des interventions bénéfiques et souvent plutôt simples. Par exemple, offrir des pressions profondes ou des câlins presque étouffants quand mon enfant part en crise plutôt que de suivre mon premier réflexe de le mettre en retrait dans un endroit sécuritaire et attendre qu’il se calme seul. Il a été payant pour nous deux de réaliser qu’en fait il avait besoin de moi ou de son père dans ces moments si difficiles à vivre pour lui!

 

Malgré les apparences, ne vous méprenez pas. Une absence de manifestations n’est pas signe que tout va bien. 

 

Pour un œil non averti (qu’était le mien à l’époque), ma grande fille vivait beaucoup d’anxiété, mais sans aucun signe flagrant… plutôt difficile d’intervenir et lui permettre de s’adapter quand on ne remarque rien!

 

Au fil du temps… chez nous, les comportements nettement indésirables ont disparu, sauf pour les rares fois où maman peut se faire taper; car oui, chez moi, il est permis d’exploser (verbalement préférablement)… Et pour tous les comportements particuliers inoffensifs, ils diminuent et refont surface lorsque l’environnement est surchargeant pour mes cocos. Dans ces périodes, je juge de la pertinence de ma réaction; si personne n’est en danger, je préfère ignorer et offrir du soutien bien ciblé sans attirer l’attention sur le comportement!

 

Accepter, respecter et travailler avec ces précieux indicateurs, des fenêtres ouvertes sur le vécu intérieur de nos enfants, ces comportements «désirables» selon moi, permettent des pas de géants non seulement pour nos neurodifférents, mais aussi pour nous, parents, dans la compréhension de leurs besoins et de leur accompagnement!

 

Alors, si je croisais votre chemin, par exemple à l’épicerie, et que votre enfant faisait le «bacon», m’adressait un monologue sur les animaux sans mon avis ou jetait tous les bonbons à sa portée dans le panier, ne soyez pas surpris de me voir changer d’allée en vous souriant, ou de me voir prendre quelques minutes pour écouter votre enfant ou engager avec lui une conversation sur les bonbons; parce que moi, quand je vois un enfant, je vois plus que des comportements, mais des besoins qui s’expriment de mille et une façons!

 

Faut-il corriger les comportements particuliers de nos enfants autistes? Non, mais il faut les écouter!

 

Astrid 

 

 

 

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